Comment reconnaître le risque d'un accouchement prématuré
et l'éviter ?
Docteur François Devianne : Il est souvent difficile
de reconnaître les femmes à risque lors d'une première grossesse
sans aucun antécédent particulier qui pourrait permettre de les
repérer. Beaucoup d'accouchements, dits "inopinés",
surviennent rapidement sans qu'aucune prévention n'ait pu être
mise en place.
Mais on voit également l'augmentation de la prématurité
provoquée (iatrogène) quand la situation maternelle et/ou fœtale
l'impose, c'est dans ce cas une prématurité souhaitable qu'on
ne cherche pas à éviter.
La meilleure prévention reste la bonne surveillance de la grossesse et
le respect du repos si votre médecin le recommande.
Qui sont les futures mamans plus à risque d'accoucher prématurément
que d'autres ?
Dr F. D. : Les mamans à risque sont celles qui
ont déjà eu un accouchement prématuré, celles ayant
une malformations utérine (Distilbène®), une béance
du col et les grossesses multiples. Celles souffrant d'infections génitales
hautes (antécédents), d'infections en cours de grossesse, de retard
de croissance intra-utérin ou la souffrance fœtale chronique. Mais
aussi, les futures mamans vivant dans des conditions socio-économiques
difficiles, ayant un travail fatigant, avec des trajets répétés...
Pas ou trop peu de consultations prénatales empêchent un dépistage
à temps du risque. Il faut donc insister sur l'importance des consultations
prénatales régulières.
Quels sont les signes d'une menace d'accouchement prématuré
?
Dr F. D. : En cas de contractions utérines
rapprochées, voire douloureuses, ne cédant pas au repos, il est
impératif d'aller consulter. La sage-femme ou l'obstétricien pourra
apprécier si réellement le col se raccourcit, s'ouvre ou se ramollit
avant le neuvième mois.
Parfois, en cas de béance particulièrement importante, des contractions
peuvent survenir sans symptômes ressentis par la femme (pas ou peu de
douleur). Un des problèmes est l'absence de reconnaissance des contractions
comme telles par les femmes au cours de leur première grossesse ("douleurs
au ventre").
L'examen du col est fait par le toucher vaginal, et peut être complété
ou précisé par l'échographie du col par voie vaginale.
D'autres signes peuvent être la rupture des membranes prématurée,
c'est-à-dire la perte des eaux ainsi que les saignements éventuels
d'origine utérine ou cervicale.
Dans quels cas, l'hospitalisation préventive s'impose ?
Dr F. D. : L'hospitalisation s'impose en cas de menace
sévère obligeant un traitement médical par perfusion, un
repos strict, un bilan à la recherche d'une infection, voire un traitement
préventif de la maladie des membranes hyalines (immaturité des
poumons) pour le nouveau-né (corticoïdes administrés à
la maman si l'accouchement risque de survenir avant trente-quatre semaines d'aménorrhée).
Grande prématurité ou prématurité, où
se situe la frontière et quels sont les risques ?
Dr F. D. : On parle de grande prématurité
jusqu'à trente-deux semaines d'aménorrhée (SA) (environ
1 500 à 1 800 g pour une croissance normale).
Actuellement, le seuil inférieur accepté pour la prise en charge
d'un prématuré est (selon les équipes) vingt-six SA soit
cinq mois et demi, avec un poids minimum de 600-700 g (on parle de prématurissime
jusqu' à 28 SA).
Il faut différencier "pronostic de survie" et "pronostic
de survie sans séquelles", le risque de séquelles neurologiques
(parfois légères) augmente avec la prématurité et
est aggravé en cas d'infection à la naissance .
A partir de 33-34 semaines, la prise en charge d'une prématurité
isolée (sans souffrance fœtale associée, liée à
une infection et/ou un retard de croissance) ne pose plus de problème
ou très rarement.
Propos de François Devianne, gynécologue obstétricien
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